À perte de vue, voici l'étendue du paysage quasi-lunaire dessiné devant nous, sculpté sur le bout de notre terre dorénavant gelée.
Les Inuits utilisent une vingtaine de mots différents pour qualifier la neige et le vent. Je n'en connais que quatre, celui du froid, de la froidure, du frais et du frette.
Au coeur de cet hiver, le vent cinglant peut caresser nos visages par -30°c ou -40°c. Aucune négligence n'est permise et chacun de nos gestes se tourne méticuleusement vers le principe de la survie lorsque nous passons plusieurs jours au tipi. Nos pas revêtent ici un instinct purement animal. La résonance au milieu environnant devient plus forte et ouvre quant à moi, avec l'apprivoisement progressif qu'offre le temps, un lien puissant avec les éléments.
Le tipi nous offre un abris a priori rudimentaire par son aspect technique, mais relativement confortable et extrêmement bien conçu. Le poêle à bois permet d'augmenter de 20 degrés (!) la température intérieure. La neige étant un élément isolant, nous la laissons s'accumuler tranquillement le long des parois du tipi.
Ayant chanté tout l'été, nous ne nous sommes organisés que très tardivement pour affronter l'hiver. À la fin du mois de novembre, nous n'avions encore aucune réserve de bois prêt à brûler et les quelques billots que nous avions amassés furent bien vite recouverts par les premières chutes de neige abondantes: impossible de récupérer ce précieux bois de chauffage.
Après quelques recherches ardues, nous avons finalement fait la connaissance d'un bûcheron retraité. Provision est faite sur le champ. La traîne sauvage permettra à Nathaniel de monter au tipi les bûches salvatrices...
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