dimanche, juillet 22

5 - Territoire habité / peuple cayen


Sheldrake (Rivière-au-tonnerre), surplombant la mer, premier village en Minganie.
Depuis la route ou les rochers alentours, nous pouvons observer la "lente" nage à fleur d'eau du rorqual commun (mesurant environ 20 mètres) approchant le rivage parfois très abrupt de l'endroit.
En cette saison (juillet), la pêche au crabe est terminée, mais l'épicerie-station-essence-café-du-coin offre de la morue salée et séchée, excellente à mâcher (vestige d'une époque révolue puisque la morue a complètement disparu), cheveux aux vents et yeux plissés scrutant le frémissement de la vague qui dévoilera la nageoire dorsale du deuxième géant de la planète...


Baie-Johan-Beetz, autrefois appelée Piesthebi (ou encore Piastrebaie, de la rivière Piashtie). Ce village a été renommé au début du XXe siècle en l'honneur d'un aristocrate belge, Johan Beetz, s'y étant établi entre 1897 et 1922. Ce dernier y a fait construire une luxueuse maison (photo) que les habitants appellent encore aujourd'hui "Le château". Homme dévoué, il apporta beaucoup à sa nouvelle patrie. En 1918, le village fut le seul au Québec à ne pas subir la grippe espagnole. Johan Beetz exigea la quarantaine pour que personne ne soit atteint de ce fléau. Aussi, agissant comme médecin de la communauté, il fournissait gratuitement les médicaments et soignait les malades. De plus, son élevage de renards et ses connaissances dans le domaine de la faune permirent aux membres de la communauté et des villages alentour de gagner décemment leur vie. En effet, naturaliste avant tout, mais aussi homme d'affaires, il avait réussi à faire grimper le prix des fourrures, alors entièrement contrôlé par la Compagnie de la Baie d'Hudson.


Au coeur de la toundra du littoral, 300 km à l'est de Sept-Îles.
La rivière Nabisipi rejoint la mer (golfe du Saint-Laurent). Nabisipi est un mot montagnais (innu) signifiant «rivière du mâle», des poissons mâles séparés des femelles s'y retrouvant en grand nombre. C'est ici que nous ferons escale, loin de toute âme... avant d'être réveillés à quatre heures du matin par des Innus venus chasser le "canard noir à long cou".


Le village d'Aguanish, ou «petit abri» en innu, s'est développé de chaque côté de l'embouchure de la rivière Aguanus (magnifique baie d'eau douce propice à la pêche au saumon et à la truite). Les familles, reliées par une simple passerelle de bois jusqu'aux années 1980, descendent de pêcheurs Madelinots ayant fuis les Îles vers 1855.


Le peuplement de la Côte-Nord par les Acadiens remonte aux années 1850. Fuyant la disette et les seigneurs exploiteurs des Îles-de-la-Madeleine, une dizaine de familles s'établissent à Kégaska de 20 à 25 à Natashquan et plus de 70 familles à Havre-Saint-Pierre (village de Pointe-aux-Esquimaux jusqu'en 1927) et dans la grande seigneurie de Mingan. Presque impossible, l'agriculture est remplacée par la pêche, une industrie des plus prospères. Sans titres de propriété, plusieurs familles acadiennes sont expulsées et repartent en errance. Être « cayen », c'est être acadien et originaire des Îles-de-la-Madeleine. Voilà qui explique cet accent unique et ces drapeaux tricolores qui flottent un peu partout dans les villages.

Photos © Cinémage 2007

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4 commentaires:

Anonyme a dit…

Félicitations...Janine et moi avons beaucoup apprécié bien que le bas débit complique la situation..
Nous vous embrassons tous les deux .

Anonyme a dit…

Bravo pour tes photos teintées de sensibilité et pour tes commentaires très intéressants. La présentation du blog est soignée et attractive. Continue, cela nous donne très envie de retourner voir nos chers cousins...

Anonyme a dit…

"Merci" de partager avec moi tes découvertes...
J'ai beaucoup aimé le contenu du blog ça ouvre mon horizon.
Salutations à toi et Nathaniel!
Je vous embrasse,
Francine

Nous a dit…

Merci Isabelle, Marc, Janine et Michel de vos messages outre-atlantique ! Belles bises sucrées à l'érable ;-))

Et merci à toi, Francine, de descendance Madelinotte... j'ai composé cette page en souvenir de ce que tu m'avais raconté de ton pays et de ton village, Aganish... mon horizon s'est ouvert en montant sur la Côte-Nord ! Nous t'embrassons ;-))