On a beau être en pleine nature, isolé des regards et seul sur son terrain, ... il est un certain confort dont on se passe difficilement: on ne peut échapper à l'épineuse question de la toilette, communément appelée VC ou WC par les Français. Se faire chatouiller le popotin par quelques branchages et jouer les acrobates lorsqu'une couleuvre se faufile entre ses pieds peuvent provoquer de fâcheuses postures. Et puis, quand on a de la visite, les petites cachettes deviennent plus rares ;-))
Puisque nous avons décidé de faire de St-Popo un projet écologique, en lien direct avec la nature, simplement et volontairement, en y réduisant au minimum notre impact et en maximisant les ressources et leurs transformations potentielles, alors allons-y gaiement avec cette première expérience: installer une toilette à compost ! (toilette à litière biomaîtrisée, ça fait plus chic).
Premièrement:
nous assurer un approvisionnement fiable et constant en sciure de bois.
Voilà qui est fait grâce à une fabrique de meubles, au coeur même du village de St-Paulin. De la belle sciure fraîche de bois non traité. Nous pourrons nous y approvisionner gratuitement, à notre convenance.
il nous fallait trouver quelques palettes de bois, de préférence usagées et... gratuites. Coup de chance, en arrivant à St-Popo, j'aperçois une petite entreprise de recyclage de palettes. Devant l'atelier, quelques demi-palettes (encore mieux) disposées en vrac sur le dessus d'un conteneur. Je m'arrête et m'informe auprès d'un voisin qui me dit que je peux me servir... merci !
Troisièmement:
prendre à notre petite forêt 7 saules bordant le ruisseau, les plus droits possibles, et mesurant de 5 à 6 mètres de haut. Nous les transformerons en perches et les installerons en tipi. Nathaniel les a écorcées à leur base pour réduire l'effet du pourrissement (après le premier hiver). Nous nous sommes rendus compte que l'écorce est beaucoup plus difficile à retirer le lendemain déjà, après l'abattage. Nous saurons à l'avenir que l' écorçage doit se faire immédiatement après la coupe.
Quatrièmement:
entre les perches, nous plaçons de jeunes branchages souples mais longs, à l'horizontale, pour former un large treillis. Celui-ci sert alors de soutien aux branches de pin de norvège que Nathaniel est allé chercher et couper en forêt.
Cinquièment: résultat garanti !
D'une part nous avons eu un plaisir incroyable à construire cette cabane et à relever le défi de l'astuce, au moindre coût en posant consciemment nos gestes;
D'autre part, cette toilette est totalement autonome, sans fosse septique, sans eau, garantie à vie, non polluante et qui produit du compost !
En prime: le plaisir d'être en pleine nature, entouré par le chant des oiseaux.
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À savoir:
- sciure de bois: une ou deux poignées après usage pour recouvrir les déjections et absorber un peu l'urine. Testé: aucune odeur de toilette (!). Le mélange équilibre azote et carbone.
- contenant: nous avons opté pour ce pot de peinture (neuf et vide) de chez Rona. Il fait exactement la même hauteur que le bol de toilette de la maison et la même circonférence.
- lunette et couvercle: un bas de gamme en plastique. Il est juste posé. Noter l'arbre en arrière qui a volontairement été intégré à cet espace toilette: il tient le couvercle levé et permet de s'adosser...
- palettes de bois: une demi palette pour rendre la toilette stable. Les autres palettes seront montées ensemble afin de former une boîte à 3 côtés. C'est là que nous viderons (1 fois par mois) notre toilette avec sa litière. Nous y ajouterons des feuilles mortes. Le tout se transformera, naturellement, en compost, puisque la décomposition sera aérobie (contrairement aux toilettes sèches qui sont anaérobie, donc polluantes et infestantes pour les eaux souterraines).
- eau: la seule eau que nous utiliserons sera celle du ruisseau. Une autre chaudière est prévue à cet effet, pour aller puiser de l'eau afin de rincer le contenant-toilette. Cette eau souillée sera reversée sur le tas de compost.
- autres avantages de cette toilette: nous permet de mieux prendre conscience de nos gestes dans la nature (et a contrario de nos automatismes en ville); permet d'intégrer les éléments de notre quotidien autour d'une logique de la mesure et de l'équilibre; offre une occasion de réfléchir autrement (décoloniser sa pensée); réduit l'impact "saccageur" de l'installation d'une fosse sur un terrain sauvage et ma dépendance vis à vis de ceux qui feraient à ma place; annule complètement une dépense inutile dans ce cas (coût total de notre toilette: 15 $,.. au lieu de... 10 000 $ ?). Allège ma conscience et concourt à ma responsabilisation considérant que mon impact est suffisamment grand avec notre logement en ville.
6 commentaires:
Bravo
et
je veux voir ça
Bonjour vous deux,
Je vois que vous avez travaillé très fort en fin de semaine et surtout que l'ajout est vraiment de première nécessité.
Félicitations à vous
Gros becs
Carole XOX
Bonjour à tous les deux,
C'est toujours avec le plus grand plaisir que nous lisons les nouvelles que vous nous envoyez : le dernier message était particulièrement "dense"
Toujours ce projet ! C'est beau de construire quelque chose de ses mains; on y tient ensuite davantage et ce sera certainement très éducatif pour Nathaniel. Ce projet nous rappelle une chanson de l'inusable Line RENAUD, datant des années "50" et qui commençait par : " Ma cabane au Canada est bâtie au fond des bois, on y voit des écureuils, sur le seuil" etc, etc (Admirer la rime au passage) Je ne sais pas si tu connais, mais ça a été un "tube" à l'époque.
Trêve de plaisanteries...Cela va surement être passionnant. J'ai vu les photos et les explications sur ton blog....Est-ce le Paradis Terrestre ???? Par - 40, cela va poser des problèmes..et vous allez mieux apprécier la tiédeur d'un "appart" fut-il canadien..
Sinon, nous reprenons nos habitudes, péniblement, car nous avions apprécié 15 jours de "pension complète"
Janine et moi vous embrassons affectueusement tous les deux en attendant de vous voir ???
Pour te consoler de la rigueur du climat canadien, je t'envoie une photo prise dans le parc de notre résidence Grassoise.
Je voulais commencer à te répondre en te disant : tu sais Blandine, dans la France profonde des années 50, il y avait des toilettes sèches, enfin cela ne s'appelait pas comme cela... Je me souviens que ma grand-mère (ton arrière grand-mère) "mémé Gaudy", utilisait un seau (avec un couvercle) qu'elle allait vider régulièrement sur un tas de fumier dans le fond de son jardin. De temps en temps avec sa bêche, je la voyais remuer et retourner le tout car elle y avait ajouté des épluchures de légumes, des restes de nourriture que les poules ne mangeaient pas, des feuilles, des herbes etc, et cela faisait du compost (elle n'appelait pas cela comme ça)qui fumait et qu'elle déposait aux pieds de ses arbres fruitiers, de ses tomates etc. Je n'ai pas utilisé d'autres toilettes chez elle, jusqu'à sa mort. Il y a de cela 40 ans, tu étais toute petite, mais ce n'est pas si vieux...
Je crois qu'en 1946, année de ma naissance,(ce n'est pas si vieux non plus n'est-ce pas ??) 70 % des communes rurales étaient encore dépourvues d'eau potable et ce n'est qu'en 1980 que toute la population française a pu bénéficier de l'eau à domicile.
Mais voilà ... Qu'a-t-on fait depuis ?
Aujourd'hui, l'eau manque cruellement dans nombreuses régions du monde , ce qui ne nous empêche pas de continuer à utiliser de l'eau potable pour nos toilettes ...alors que la pénurie d'eau touche 40 % de la population de la planète.
1 milliard de personnes n'ont pas d'eau
2,6 milliards n'ont pas de service d'assainissement.
20 000 personnes meurent chaque jour pour consommation d'eau non potable.
Pour faire face à cette pénurie mondiale,et puisque la demande
de nourriture augmente, nous devons soutenir les initiatives visant à produire de quoi nourrir avec proportionnellement moins d'eau.
Et puis ... pourquoi pas développer les toilettes sèches quand cela est possible ? Je me demande si ce n'est pas ce que je vais faire dans la maison de Bretagne ...Cela m'évitera en plus de payer un plombier qui va me demander une fortune !!!
ah au fait as-tu prévu à côté de tes toilettes sèches un petit porte revues avec quelques livres ?...
bisous
Annick
Moi je vote pour le petit porte revues, et aussi pour un petit toit avec les toilettes pour qu'elles restent sèches!!
Kala XOX
Merci Daniel, Kala, Janine, Michel et Annick de vos mots et de votre intérêt !
Effectivement, aujourd'hui on parle d'écologie et d'environnement, autrefois, il n'y a pas si longtemps, on parlait d'économie et de gros bons sens...
C'est intéressant ce que faisait mémé Gaudy: je ne savais pas... Visiblement, je suis bel et bien son arrière-petite-fille !!!
Bisous xxxxx
Blandine
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